#NuitDebout : ces photographies qui dévoilent une autre réalité | ©mrmondialisation.org

Nous y sommes accoutumés, il y a souvent un monde de différence entre ce que certains grands médias peuvent afficher d’un mouvement et sa véritable identité. #NuitDebout n’y échappera pas alors que, déjà, TF1, France2, BFMTV et d’autres parlent d’un mouvement jeune, assez naïf, désorganisé, un peu puéril, donc (lisez entre les lignes) : forcément bon à rien. Les photographies qui suivent, en retranscrivant l’intimité de terrain de ces derniers jours, détruisent ce mythe médiatique.

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Les premières photos de Paris, au XIXe siècle – ©L’Obs

“Parmi les tous premiers daguerréotypes réalisés par le photographe, celui-ci présente la particularité d’immortaliser deux silhouettes sur le boulevard : le cireur de chaussures et son client. Ces personnages, immobiles par nécessité, ont sans le savoir pris la pose pendant plusieurs minutes alors que la foule des passants est trop mouvante pour que son image puisse être capturée par l’appareil.” (Louis Daguerre / Fotomuseum Stadtmuseum, Munich)

Source: GRAND FORMAT. Les premières photos de Paris, au XIXe siècle – L’Obs

Jérémie Dru, le photographe de l’intériorité des paysages urbains | ©Lumières de la Ville

Jérémie Dru est le photographe de l’imperceptible. Ses clichés révèlent la dimension immatérielle d’une ville vécue et parcourue. La marge, la frontière, la barrière et le mur se muent en espaces praticables menant vers un ailleurs onirique et changeant l’inaccessible en possible ; celui d’emprunter un nouveau tracé, interdit jusqu’alors. Ces photographies poussent au rêve et invitent à dépasser les frontières que la ville nous impose. Le rapport au ciel, inhabituel, met en perspective la question de la contrainte de la ville et de la liberté de choisir son itinéraire. A travers l’objectif de Jérémie Dru, les murs se percent, les espaces se doublent, la ville se mue en vortex temporel. L’urbain s’extrait de sa réalité physique pour caresser une représentation de sa perception. Il garde en mémoire l’empreinte de ses passagers.

Source: Jérémie Dru, le photographe de l’intériorité des paysages urbains | Lumières de la Ville

Le mystère Maier [Télérama.fr, article du 30/04/2011]

Chicago, fin 2007. La crise économique bat son plein. Et certains agents immobiliers cherchent à se reconvertir. Tel John Maloof, 25 ans. Il songe à écrire un livre sur le quartier de Portage Park. Pour illustrer l\’ouvrage à moindres frais, il chine, court les ventes en quête de photos d\’époque. Et finit par mettre une enchère de 400 dollars sur un énorme lot. Adjugé !

Il y a là trente mille négatifs, des rouleaux de pellicule par dizaines, à peine quelques tirages réalisés dans les années 1950-1960. Mais pas une seule photo de Portage Park. Les images, en noir et blanc, retiennent pourtant son attention. Parce qu\’elles sont belles, inhabituelles, composées à la perfection. Il y a, par exemple, ces portraits d\’enfants noirs et blancs jouant ensemble alors que les temps étaient plutôt à la ségrégation. Des pauvres et des mar­ginaux photographiés tels les empereurs célestes de l\’Amérique. Là, c\’est un Afro-Américain, comme sorti d\’un songe, déambulant à cheval en pleine ville, sous un pont. Ailleurs, ce sont de vieilles rombières emperlousées étranglées par leur renard au sourire carnassier. Et puis il y a Chicago, ville à l\’architecture conquérante et rationnelle, s\’étalant à l\’infini sur les négatifs. John Maloof ne connaît rien à la photographie. Mais il comprend d\’emblée qu\’il tient là quelque chose d\’important. Des images dont il faut percer le mystère.

via Le mystère Maier – Arts et scènes – Télérama.fr.

Viralité du selfie, déplacements du portrait [L’Atelier des icônes]

Cela fait 175 ans qu’on porte sur la photographie un regard distrait. Pas celle de la cimaise ou de la page imprimée, faite par des acteurs légitimes et scrutée par la critique, mais celle de tous les jours, qu’on fait sans y penser. La photo telle qu’elle a été inventée, non pour ajouter un art subsidiaire à la liste des Muses, mais pour donner à chacun la capacité de produire ses propres images. Ne sait-on pas d’avance tout ce qu’il y a à savoir à son propos?

Pourtant, faute de la considérer, nous ne connaissons pas grand chose de cette photo ordinaire, réduite à quelques schémas expéditifs2. “Selfie” n’est qu’un mot. Mais la pratique à laquelle il renvoie dessine pour la première fois un territoire distinct dans l’aire confuse de la photo dite “amateur”, privée, familiale ou vernaculaire (autant de termes peu satisfaisants, auxquels je préfère substituer l’expression de photographie autoproduite).

Et pas n’importe quel territoire. S’appuyant sur une histoire des progrès techniques du portrait, Gisèle Freund proposait dès 1936 de penser la signification historique de la photographie comme l’accession de larges couches de la société à une plus grande visibilité sociale3.

L’analyse de Freund décrit la photo essentiellement comme un outil de représentation de soi. Baudelaire l’avait perçu de la même manière, et entonnait dès l’époque daguerrienne le même air que nos modernes détracteurs de selfies: «La société immonde se rua, comme un seul Narcisse, pour contempler sa triviale image sur le métal. Une folie, un fanatisme extraordinaire s’empara de tous ces nouveaux adorateurs du soleil. D’étranges abominations se produisirent4.»

L’un et l’autre avaient raison. A l’opposé de l’imagerie descriptive que l’on demande aux professionnels de produire, en se mettant eux-mêmes en retrait, à quoi pourrait bien servir la photo autoproduite si ce n’est à enregistrer nos bribes d’histoire, c’est à dire à produire des images de nous?

via Viralité du selfie, déplacements du portrait | L’Atelier des icônes.